1789-Macclesfield

Halfpenny, jeton de cuivre émis à Macclesfield (Cheshire) en 1789, diamètre 29mm. Emetteur : Charles Roe & Co, célèbre propriétaire de mines et de fonderies de cuivre, un des acteurs majeurs de l’émission de jetons de cuivre. D&H-Cheshire no 14.
AVERS : Une ruche en paille (skep) et 6 abeilles ; surmontant le chiffre « R & Co ». Légende circulaire: « MACCLESFIELD »
REVERS : Une figure féminine assise sur une presse, tenant à main droite une tarière, à main gauche une roue dentée. Légende circulaire : «HALFPENNY – 1789 »
Sur la tranche : « PAYABLE AT MACCLESFIELD, LIVERPOOL OR CONGLETON * X *»
1792-Nottingham

Halfpenny, jeton de cuivre émis à Nottingham en 1792, diamètre 29mm. Emetteur : Donald and Co., manufacture de bas à Nottingham et Birmingham. D&H-Nottinghamshire no 7.
AVERS : Une ruche en paille (skep) sur un plateau, entourée d’abeilles ; le tout entouré d’une couronne de feuilles.
Légende circulaire: « No 29 BULL STREET BIRMINGHAM – 1792 »
REVERS : Dans un ovale de feuilles, sur 5 lignes :
« DONALD & Co. STOKING MANUFACTURERS. WHOLESALE & RETAIL »
Légende circulaire : « PROMISSORY HALFPENNY PAYABLE AT NOTTING’M OR »
1795-Cambridge

Farthing, jeton de cuivre émis à Cambridge en 1795, diamètre 21mm. Emetteur : le comté de Cambridgeshire. D&H-Cambridgeshire no 36.
AVERS : Une ruche en paille (skep) sur un plateau, entourée d’abeilles. Légende circulaire: « INDUSTRY HAS ITS SURE REWARD *»
REVERS : Une tête de druide voilée. Légende circulaire : « CURRENT IN THE COUNTIES OF – 1795 »
1801-Londres

Halfpenny, jeton de cuivre émis à Londres (Middlesex) en 1801, diamètre 27mm. Emetteur inconnu. D&H-Middlesex no 1029
AVERS : Une ruche en paille (skep) sur un plateau, entourée d’abeilles ; le tout entouré d’une couronne de roses, chardons, feuilles de chêne, etc. (ce qui pourrait célébrer le rattachement de l’Irlande au Royaume britannique en 1800). Légende : « INDUSTRY THE SOURCE OF CONTENT – TP »
REVERS : Un écu portant : « TO CHANGE IN TRADE ». Légende circulaire : « TO CONVENIENCE THE PUBLIC – 1801 »
Les copper tokens à la fin du XVIIIe siècle
La fin du XVIIIe siècle britannique (à partir de 1787, date d’émission des premiers jetons par les mines de cuivre de Parys, sur l’île d’Anglesey, Pays de Galles, pour payer les salaires des mineurs) et le début du XIXe s. (les années 1810) ont été prolifiques en émissions régionales de jetons en cuivre (Copper tokens). Parallèlement au monnayage royal officiel, des compagnies minières, des entreprises industrielles ou commerciales, des municipalités, voire des individus, ont émis des jetons qui étaient distribués à leurs salariés ou clients, et qui étaient en principe convertibles en pennies royaux. Ces jetons palliaient la pénurie de petite monnaie, relevée dès le XVIIe siècle, et aggravée tout au long du siècle suivant par la croissance démographique et les mouvements de population vers les villes, les mines et les usines, entraînés par la révolution industrielle. Les ateliers de la Monnaie royale (Royal Mint) ont même cessé de frapper les monnaies de cuivre à partir de 1773, sous Georges III, et jusqu’en 1821, déléguant la tâche aux entrepreneurs privés. A partir de 1816 toutefois, la Monnaie royale récupère progressivement le monopole de la frappe, une loi de 1817 punissant les émissions privées -qui restent cependant en circulation pendant de nombreuses années.
Une importante circulation monétaire privée
Les jetons étaient utilisés pour payer les salaires et les gages, dans les économats des entreprises, dans les cantines, et plus largement ensuite pour toutes les transactions de la vie quotidienne. Leur valeur faciale explicite (mentionnée sur le jeton) ou implicite (en fonction de leur diamètre) était modeste, d’un quart de penny (Farthing), d’un demi-penny (Halfpenny : les plus courants), d’un penny ou de deux pence. Le développement de l’extraction minière (en particulier du cuivre, qui connaît une véritable explosion à l’époque) et de l’industrie métallurgique, ainsi que la multiplication des presses à vapeur, ont facilité la frappe de ces jetons en très grandes quantités.
Le catalogue de James Conder (1798): les Conder tokens
Le premier collectionneur et compilateur de ces jetons, dès la fin du XVIIIe siècle, est un marchand drapier d’Ipswich, James Conder, lui-même émetteur de jetons à l’effigie de son commerce. Depuis son catalogue paru en 1798 (deux autres, ceux de Pye en 1795 et de Birchall en 1796 étaient déjà publiés), les jetons de cuivre britanniques sont donc surnommés les « Conder ».
La thématique récurrente de la ruche industrieuse
Les émetteurs de copper tokens avaient toute latitude d’expression économique, politique, sociale, religieuse et artistique sur leurs jetons, d’où une grande richesse iconographique. Plusieurs milliers de types de jetons ont été catalogués. Ils portent en général au revers la raison sociale de l’entreprise ou de l’individu émetteur. A l’avers, au-delà d’une grande diversité, on retrouve quelques thèmes récurrents: par exemple une tête de druide voilée (émis par une compagnie minière de cuivre galloise, à Anglesey, ce jeton fondateur a été très souvent reproduit) ; ou une icône féminine de l’industrie (avec en général une tarière, une roue dentée, une presse).
Et, sur quelques dizaines de revers, indépendamment de l’avers, une ruche en paille (skep), posée sur un plateau de bois, et entourée d’abeilles. Les légendes permettent de comprendre ce symbole de la ruche : celle-ci figure le travail, le caractère industrieux et le sens de l’épargne, la coopération de tous les individus pour la prospérité commune. Des qualités anthropomorphiques déjà mises en avant depuis des siècles, et qui triompheront au XIXe siècle quand, par exemple, la quasi totalité des caisses d’épargne européennes adopteront la ruche et les abeilles comme symboles de leur activité. Au plan iconographique, on remarquera que la ruche sur plateau est un modèle repris pratiquement sans modification par des dizaines d’émetteurs de jetons dans des régions très différentes du Royaume-Uni. On trouve également le modèle d’une petite ruche surmontant le chiffre de l’entreprise ; et, plus rare, celui d’une ruche sur plateau entourée de différentes fleurs et végétaux.
SOURCES:
L’article « Conder token » sur Wikipedia-English est de bonne tenue: http://en.wikipedia.org/wiki/Conder_token
CONDER James, « An arrangement of Provincial Coins, tokens, and medalets issued in Great Britain, Ireland, and the colonies, within the last twenty years, from the farthing to the penny size », Ipswich, England, 1798, 1ère éd.
HAMER S.H. (auteur) & DALTON Richard of Bristol (illustrateur), « The Provincial Token Coinage of the XVIIIth Century », 1900-1917, 567p. En abrégé : « D&H »
> Des reprint récents de cet ouvrage classique, qui sert de référence d’indexation, sont faciles à trouver. L’ouvrage peut également être téléchargé en .pdf : http://provincialtokencoinage.weebly.com/


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