1584: Henri III, le roi des abeilles et l’amour de son peuple, sur un jeton d’argent des Etats de Bourgogne

Plebis Amor Regis Custodia [L’amour du peuple est sa meilleure protection] : Henri III (1574-1589) , Jeton d’argent des Etats de Bourgogne, 1584 ; Diamètre 28mm; poids 4,55g. Références: revers du Feuardent 9773, répertorié en laiton

AVERS : Ecu de France (trois fleurs de lys) couronné entouré du collier de l’Ordre de Saint-Michel

Titulature : « NIL.NISI.CONSILIO » (« Rien sans le Conseil »)

REVERS : Un essaim d’abeilles entourant son roi, volant au dessus d’une ruche en paille sur un socle.

Titulature : « .PLEBIS.AMOR.REGIS.CUSTODIA.1584 » (« L’amour du peuple est sa meilleure protection ». Traduction de 1685 : « L’amour de ses peuples, qui est la plus sûre garde des rois »)

(Nota Bene : avec le même revers, on peut également trouver comme avers l’effigie du roi couronné de laurier avec comme titulature : « HENRICVS.III. D.G.FRANC.ET.POL.REX.CHRISTIANISS. » – « Henri III par la grâce de Dieu roi très chrétien de France et de Pologne »)

Henri III dans les guerres de religion

Le règne d’Henri III (1574-1589) est principalement marqué par les guerres de religion. Né en 1551, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, il est d’abord duc d’Anjou et guerroie contre les protestants. Il devient brièvement roi de Pologne, appelé pour succéder au dernier des Jagellons (1573-1574). Il montre sur le trône de France en mai 1574, mettant un terme à la régence de sa mère. Son propre frère, le duc d’Alençon est alors à la tête du parti protestant, qui impose au roi l’édit de pacification de Beaulieu. Au grand dam du parti catholique, ce texte autorise partout le culte protestant (hors Paris), et accorde aux Huguenots places-fortes et chambres de justice. La Ligue catholique (ou Sainte Ligue) se forme alors sous l’autorité du duc Henri de Guise (que le roi fera assassiner en 1588), et la guerre civile reprend de plus belle. Les Etats généraux réunis à Blois sans les protestants (1576) se prononcent pour l’unité de religion du royaume, et refusent au roi les subsides qu’il leur réclame. Guerre ouverte, interventions des princes allemands et des Anglais, trêves éphémères, traités de paix sans lendemains, concessions aux catholiques, alliances et ruptures avec le protestant Henri de Navarre (le futur Henri IV) se succèdent, alors qu’Henri III cherche à renforcer le pouvoir royal par l’Etiquette et des textes réglementaires, mais avec des finances exsangues. Henri III est assassiné le 2 août 1589 par le moine Jacques Clément : c’est le premier régicide de l’histoire de France, qui met fin à la dynastie des Valois.

Henri III et les Etats de Bourgogne

Dans ces temps troublés, le roi a du composer politiquement et financièrement avec les pouvoirs des grandes provinces. Parmi celle-ci le très riche duché de Bourgogne, désormais rattaché au royaume. Les États de Bourgogne, composés des trois ordres, avaient le privilège de voter impôts, aides et subsides, et étaient donc sollicités pour financer et le pouvoir ducal, et le pouvoir royal. La province réglait son administration économique dans des assemblées générales, puis l’exécution des votes appartenait à des Élus généraux. Les demandes de la Couronne étaient présentées à l’ouverture des Etats par le président du Parlement de Dijon. En fonction des votes des assemblées générales des Etats, les Elus (ou Députés) généraux étaient chargés de porter au roi acceptations ou remontrances. Il était d’usage que soit émis pour l’occasion des jetons d’argent aux armes de la province avec comme titulature « COMITIA BVRGVNDIÆ ».

La thématique de la ruche et de l’essaim dans les émissions d’Henri III

L’anthropomorphisme de la ruche monarchique à la Renaissance et à l’Epoque moderne est remarquablement illustré par les commentaires de l’époque sur ce jeton d’Henri III, dont le principe et la frappe ont été votés par les Etats de Bourgogne, dans le contexte très conflictuel rappelé ci-dessus. La province était déchirée entre les deux partis, mais les instances politiques, dont les Etats, penchaient très largement pour la Ligue catholique.

En 1636, Jacques de Bie commente ainsi ce revers :

En 1685, François Eudes de Mézeray présente ainsi ce jeton :

Plusieurs autres jetons d’Henri III, antérieurs et postérieurs, retiennent également le thème de la ruche et de l’essaim.


REFERENCES :

De BIE Jacques [1636], « La France métallique contenant les actions célèbres tant publiques que privées des rois et des reines remarquées en leurs médailles d’or, d’argent et de bronze. Tirées des plus curieux cabinets. » Au Tres-Chrestien Roy de France et de Navarre Louis XIII. Par Jacques de Bie, chalcographe. A Paris, chez Jean Camusat, rue Saint-Jacques, 1636. (numérisé par Google)

De MEZERAY François Eudes [1685], « Histoire de France depuis Faramond », Thierry, 1685 (numérisé par Google)

De FONTENAY J. [1854], « Manuel de l’amateur de jetons », Dijon, 1854

http://www.inumis.com/ressources/medals/books/fontenay/primo-fr.htm

FEUARDENT Félix [1904], Jetons et Méreaux, Paris, 1904, rééd.1995.

– Tome 1 : Grandes administrations de l’Etat et de la Ville de Paris, corporations, noblesse et villes de l’Ile-de-France etc., 502p.

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