ITSAP – Institut de l’Abeille – Notes sur les 2e journées de la recherche apicole, Paris, 5 et 6 février 2014

L’ITSAP (Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation)- Institut de l’Abeille a organisé, les 5 & 6 février 2014, à Paris XIIIe, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture de l’Agroalimentaire et de la Forêt (MAAF) et de FranceAgriMer (établissement public administratif qui gère pour la France le règlement apicole européen) , les 2èmes Journées de la recherche apicole. Ce colloque de deux jours a permis à des chercheurs de présenter l’avancée de leurs travaux scientifiques, notamment dans le cadre du règlement apicole européen, de faire le point sur des questions d’actualité et d’échanger avec quelques apiculteurs sur les problématiques rencontrées dans la gestion des colonies.

Ci-dessous un compte-rendu sommaire par Jean-Paul BURDY au nom de l’Abeille Dauphinoise-Syndicat d’apiculture de l’Isère.

A noter : sur le site de l’ITSAP (http://www.itsap.asso.fr/index.php ), on peut accéder:

– à la présentation de l’historique et des missions de l’Institut (http://www.itsap.asso.fr/asso/qui-sommes-nous.php );

– à toutes ses publications : Lettre trimestrielle, Cahiers techniques, Compte-rendus annuels d’activité (http://www.itsap.asso.fr/publication/local_index.php ).

– au règlement apicole européen  (http://www.itsap.asso.fr/infos/grandeslignes.php )

– aux partenaires du réseau ITSAP: (http://www.itsap.asso.fr/reseau/local_index.php) dont l’ADARA.

– à la synthèse des 1ères Journées de la recherche, les 6-7 janvier 2013: http://www.itsap.asso.fr/downloads/evenements/synthese_jra_060213_bdef.pdf

Le programme des 2e JournéesVoir le programme des 2e journées : http://www.itsap.asso.fr/asso/evenements.php

Le public (entre 160 & 180 personnes) était très majoritairement composé de scientifiques travaillant dans des organismes ou laboratoires publics (CNRS, INRA, ITSAP, Universités, Agro, etc.), de quelques représentants de syndicats apicoles (plutôt nationaux et professionnels) et de quelques apiculteurs à titre personnel. Pour les chercheurs confirmés, présentation synthétique à l’assemblée des travaux menés dans les laboratoires; pour les nombreux/ses jeunes chercheur(e)s, il s’agissait de présenter des travaux en cours, masters ou doctorats, sous forme principalement de posters scientifiques ponctuels et/ou pointus, à un public variable. Les principales spécialités représentées pendant les deux journées: chimie moléculaire, biochimie, biologie animale, épidémiologie, sciences de la cognition.

1/ Le mercredi matin: après l’introduction de M.Giurfa sur le cerveau de l’abeille, a été focalisé sur les questions méthodologiques en chimie moléculaire et toxicologique appliquée à la mesure et aux impacts des pesticides, insecticides, nicotinoïdes, etc. Les discussions autour des interventions ont essentiellement porté sur les procédures d’analyse, les échantillonnages, les modalités de collecte des objets étudiés (par l’analyste, par l’apiculteur; échantillons frais, froids, congelés; abeilles mortes ou vivantes; jeune cire ou vieille cire, fondue ou pas; chronométrage du temps écoulé entre aspersion, collecte, analyse, etc.).

2/ Le mercredi après-midi: une série de conférences courtes sur des travaux de  thèses en cours, appuyées sur des posters, puis deux exposés longs sur les toxicopathologies des mâles et des reines et donc sur la reproduction des colonies.

3/ Le jeudi matin: à partir de quelques programmes de recherche pluriannuels, était essentiellement axé sur des dispositifs d’observation, de comptage et d’enregistrement des comportements des abeilles dans le contexte de l’affaiblissement des colonies: procédés ECOBEE, TECHBEE, etc.

4/ Le jeudi après-midi: a été consacré aux moyens de renforcer les défenses immunitaires de l’abeille. Ont surtout été évoqués la diversité pollinique, les compléments alimentaires.

  1/ MERCREDI MATIN:   Méthodes analytiques                           
Modération: Eric THYBAUD, pdt du conseil scientifique de l’ITSAP.

Conférence introductive de Martin GIURFA, CRCA de Toulouse: Mini-cerveau et méga-performances: ce que nous apprend le cerveau d’une abeille.

> M.Giurfa reprend très clairement comme toujours ce qu’il expose régulièrement à partir des travaux de son laboratoire de cognition animale à Toulouse, à savoir les remarquables qualités comportementales (apprentissage, mémorisation, catégorisation, apprentissage de règles, adaptation) du minuscule cerveau de l’abeille (1mm3 et moins d’un million de neurones). Ses mécanismes semblent peu différer de celui des vertébrés.

> Remarque: ce sont malheureusement les abeilles les plus expérimentées, celles qui vont loin, qui sont les plus impactées par les toxiques.

Cécile FERRUS, ITSAP : Synthèse de l’offre en analyse des laboratoires par type d’analyse et par matrice apicole.

> L’ITSAP a procédé au recensement et à l’analyse de l’offre d’une cinquantaine de laboratoires français et proches (Allemagne, Belgique, Italie, Suisse) susceptibles d’être consultés pour des analyses des matrices apicoles et des produits de la ruche, selon une multitude de critères. Cet annuaire est librement accessible sur la base de données de l’ITSAP et sera régulièrement mis à jour.

> Compte-tenu de la grande hétérogénéité des données et des résultats, la discussion a porté sur la nécessité de préciser les questionnaires aux laboratoires. Y compris pour vérifier leurs accréditations, leur référencement, leurs protocoles d’analyses, leurs échantillonnages, etc.

Audrey BULETE, CNRS Vernaison : Mise au point d’outils analytiques pour la recherche et la quantification de pesticides et leurs métabolites, dans l’abeille et deux produits de la ruche : la cire et le pain d’abeille.

> Présentation de méthodes d’analyse développées à Lyon (Lyon1, ENS, CNRS, en relation avec la FNOSAD & l’ADARA) pour rechercher et quantifier les pesticides dans l’abeille, le pain d’abeille et la cire. L’abeille est porteuse de pesticides métabolisés; le pain d’abeille est un concentrateur moyen; les cires sont une matrice accumulatrice. Débat sur la représentativité des échantillons analysés; et sur la modélisation cinétique de la dégradation des pesticides (selon la durée, la température, le matin ou l’après-midi, etc.

Luc BELZUNCES, INRA Avignon : Étude de la dégradation des pesticides chez l’abeille en vue d’établir des diagnostics d’intoxication. Devenir et action des substances seules et associées.

> Belzunces reprend et développe sur la modélisation cinétique de la dégradation des pesticides (selon le pesticide, la durée, la température, le matin ou l’après-midi, etc.). Cette modélisation est nécessaire pour comprendre des mortalités constatées non immédiatement.

> Suit un débat sur ces modèles théoriques. Avantages et inconvénients de travailler sur des abeilles mortes, ou des abeilles vivantes, etc.

2/ MERCREDI APRES-MIDI: Reproduction des colonies
Modération: Gilles SALVAT, directeur Santé animale à l’ANSES

Jean Luc BRUNET, INRA Avignon : Effets des interactions toxicopathologiques sur la qualité du sperme, la fécondité et la durée de vie des reines chez l’abeille .

> Chaque reine est fécondée par 10 à 15 mâles, donc potentiellement par 15 à 75 millions de spermatozoïdes, dont quelques millions aboutiront dans la spermathèque et permettront à la reine de pondre 2000 oeufs par jours pendant 2-3 ans.

> La moindre longévité constatée des reines est-elle liée à la dégradation de la qualité du sperme? L’étude a développé l’élevage de mâles en tunnel. Puis on a contaminé des mâles avec différents stresseurs environnementaux, pesticides et agents pathogènes. Il apparaît que deux insecticides, un néonicotinoïde et un phénylpyrazole, surtout associés à la microsporidie Nosema, causent des perturbations de la qualité du sperme. L’impact sur la longévité des reines est à l’étude.

> Ces travaux amènent à réfléchir à des recherches sur la mise au point d’un test de reprotoxicité (menaces sur les spermatozoïdes, sur la spermatogenèse, sur la fertilité…). La remarque ne vaut pas que pour les abeilles: les humains sont aussi concernés.

Bertille PROVOST, SupAgro Montpellier : Agents infectieux et qualité physiologiques et reproductrices des reines : identification de marqueurs sanitaires et physiologiques, indicateurs de la qualité de la reproduction.

> On connaît mal l’impact des agents infectieux sur la reine. L’étude comparative porte sur des reines performantes de printemps ou d’automne, et sur des reines de ruches ayant connu des mortalités (reines défaillantes ou de réforme). L’échantillon a été de 16 lots de 30 reines fécondées naturellement, soit 480 reines.

> Chez les reines défaillantes, 12 agents infectieux principaux ont été repérés et étudiés. On analyse l’état des abdomens, des ovaires, des spermathèques, pour cataloguer les causes potentielles de baisses de la fécondité. A noter que l’intensité des phéromones ne suffit pas à définir une bonne ou une mauvaise reine.

Fanny MONDET, INRA Avignon: Influence de l’infestation par Varroa sur la pression virale chez l’abeille domestique. Exemple de la progression du parasite sur un nouveau territoire, la Nouvelle-Zélande.

> La Nouvelle-Zélande est un cas d’école pour étudier Varroa et les agents infectieux liés. En effet, l’archipel en était exempt jusqu’en 2000. Puis Varroa est arrivé au Nord par bateau en 2000-2001, et a progressé gradient par gradient vers le Sud, en franchissant le channel (plus un abcès spécifique au centre-Sud, arrivé de son côté?) . Le Sud a un climat particulièrement favorable à Varroa. La NZ est désormais quasi totalement infestée en 2013. On peut donc étudier les différents degrés d’infestation Varroa + autres agents infectieux puisqu’il y a interaction et multi-infection. Varroa est donc bien immuno-dépresseur.

> On peut comparer la NZ avec Hawaï, situation un peu identique, étudiée par Martin.

Catherine TEXIER, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand: La réponse du peptidome de l’abeille domestique lors d’une cinétique d’infection par la microsporidie Nosema ceranae.

> Il s’agit d’étudier l’impact de la microsporidie Nosema ceranae, parasite intracellulaire, qui provoque la nosémose, un des facteurs de surmortalité des abeilles. On s’intéresse aux activités antibactériennes et antifongiques des peptides de l’hémolymphe.

3/ JEUDI MATIN : Surveillance des colonies
Modération: François GERSTER, reponsable du Plan de développement durable de l’apiculture au ministère de l’Agriculture

Pascal HENDRKX, ANSES, Unité de surveillance épidémiologique: La surveillance syndromique applicable à la santé de l’abeille.

> Point de référence: la canicule d’août 2003: il a fallu du temps pour mettre en relation différents relevés (urgences, pompiers, Pompes funèbres générales « débordées », etc.) et prendre conscience d’un pic de surmortalité d’environ 15000 décès. Retour d’expérience pour les humains, et pour la santé animale avec des Instituts de veille sanitaire qui agrègent des données sur plusieurs années pour pouvoir relever le plus rapidement possible une situation « anormale ». Il faut donc collecter de nombreuses données sur la durée, de manière simple; et il faut de la sensibilité, de la réactivité. Mais c’est plus facile pour les bovins (où suivi individualisé de tous les animaux du pays), par ex. que pour les abeilles, même si on a des symptômes et de la mortalité.

> La collecte des données pour les abeilles n’est pas facile: quelle échelle, par exemple? (mères, colonies, ruchers, ruchers-sentinelles?); décalage du constat de l’affaiblissement par rapport au problème, et décalage de la déclaration. Il est difficile de récupérer les données d’affaiblissement en continu, même s’il existe un système par puçage RFID (Apilab, mais complexe et très coûteux: valable seulement pour des recherches ponctuelles pointues). On peut éventuellement relever des consommations anormales de médicaments, ou d’intrants (sirops de nourrissage).

> Conclusion: pour le moment, pour les abeilles, on manque de données disponibles sur la durée; même si la surveillance de la mortalité amorce une surveillance syndromique.

Pierrick AUPINEL, INRA 17 Le Magneraud : ECOBEE, un dispositif d’observation des abeilles en milieu ouvert dans la région de Niort (Poitou-Charentes).

> ECOBEE est un dispositif d’observation assurant un monitoring des colonies et une veille palynologique, dans un contexte d’agriculture intensive avec monocultures à forte consommation de produits phytosanitaires et diminution de la biodiversité. ECOBEE s’applique à la région de Niort, découpée en 50 carrés de 10km2. 5 colonies sont installées chaque année dans 10 carrés et font l’objet d’un suivi tous les 10-15 jours: démographie, pollens, réserves, impact des assolements… Une partie des données sont disponibles (sous-site: APIBOTANICA). C’est un programme interdisciplinaire fédérateur (scientifiques divers mais aussi sociologues), et très sollicité au plan européen.

> Quelques remarques: Le coquelicot est une plante intéressante pour les abeilles en période d’interfloraison colza/tournesol. Il faut réduire les carences nutritives des abeilles à certains moments-clés.

Axel DECOURTYE, ACTA : TECHBEE-Nouvelles technologies d’enregistrement automatique des comportements pour mesurer les effets non intentionnels du thiaméthoxam chez l’abeille domestique

> La recherche porte sur les conséquences des toxicités à doses sublétales sur le comportement des individus abeilles. Là on mesure leur effet sur la capacité des abeilles à mener leur vol de retour vers la ruche éloignée de 1km; on mesure l’effet à terme sur des larves exposées; et on essaie d’évaluer l’impact sur le comportement de butinage et son efficacité.

> Présentation des nouvelles technologies d’enregistrement automatique de l’activité de butinage (puces RFID, vidéosurveillance du butinage dans des serres-tunnels). Puis mesure de l’impact de l’insecticide thiamethoxam sur le butinage à travers toutes une batterie de tests.

> Relevés: Plus on s’éloigne de la ruche, plus les abeilles exposées au produit connaissent des difficultés à rentrer au rucher (de 10 à 30% de non-retours parfois). Sur les larves: globalement, les abeilles exposées déclinent démographiquement. Sur le butinage: l’intensité-efficacité du butinage varient en fonction des doses.

> Conclusion: dans l’évaluation du risque, il faut intégrer les effets sublétaux des pesticides, et ne pas sous-estimer l’aggravation des effets létaux par le contexte (ex: colza traité Cruiser). Quand il y a co-exposition à différents produits, il y a un risque réel de réaction en chaîne et donc d’effondrement. L’objectif à terme serait d’arriver à la validation à l’échelle de l’OCDE de tests de validation des pesticides.

André KRETZSCHMAR, INRA Avignon : Quantification des conditions environnementales, populationnelles et sanitaires, favorables aux ruchers pour pallier l’affaiblissement des ruchers sur lavande par le suivi de l’observatoire.

> 530 ruches étudiées en 24 ruchers de Drôme provençale, Montagne de Lure et Plateau d’Albion, Plateau de Valensole depuis 5 ans. Suivi tous les deux jours du poids des colonies. Mise en relation de l’état du parcellaire de lavande, de l’évolution des colonies, de l’état sanitaire (pression du varroa), analyse des pollens. Ce suivi permet de rationaliser la transhumance des colonies sur lavandes, et de mesurer le coût global de la mieillée sur l’état des colonies avant l’hivernage. Il apparaît qu’il y a une multitude de variables à gérer: pluviosité; vents forts qui empêchent le butinage; ruches très peuplées et avec des réserves donc moins incitées à butiner que des ruches moins peuplées mais avec du couvain et peu de réserves; capacité de l’apiculteur à disposer son rucher; indices de toxicité des pollens qui laissent à penser qu’il y aura impact sur le gain de poids des ruches.

> Remarque générale: l’important est moins de considérer chacune des ruches que de considérer chaque rucher comme une entité en lui-même; c’est une source de variable en soi.

Jean-Daniel CHARRIÈRE, Agroscope, Liebefeld, Berne (Suisse) : Système de recensement des pertes de colonies en Suisse et axes de recherches actuels du centre de recherche apicole.

> Liebefeld est une structure ancienne, qui associe actuellement recherche fondamentale, recherche appliquée, et services sanitaires et de formation.

L’apiculture suisse n’est pas épargnée par les mortalités, surtout hivernales, de colonies. Surtout depuis l’hiver 2002-2003. D’où une enquête nationale, facilitée par le fait que 95% des apiculteurs suisses (!) sont affiliés à une société apicole. Echantillon de 1000 apiculteurs consultés chaque année en avril via un site internet. Résultats publiés chaque été. Participation au programme européen COLOSS (« Pertes de colonies »)

> Donc: pas de relation simple entre pratiques apicoles et pertes hivernales. Essais de mises en relation avec certains insecticides, certains systémiques. Et réflexion sur des luttes alternatives contre Varroa.

4/ JEUDI APRES-MIDI: Renforcement des défenses immunitaires
Modération: Olivier LE GALL, DG délégué aux Affaires scientifiques, INRA

Dominique FORTINI, INRA 17 Le Magneraud : Diversité pollinique et défenses sanitaire des abeilles.

> Seule source de lipides des abeilles, le pollen leur est indispensable. D’autant qu’il contient des acides gras à activité antibactérienne. On a analysé dans 10 ruches en zone céréalière et depuis 2006 différents pollens (une centaine d’espèces florales), avec différents acides gras et leurs impacts bactéricides. Les pollens polyfloraux semblent plus efficaces que les pollens monofloraux, parmi lesquels coquelicot, cornouiller et tournesol semblent un peu plus antibactériens que les autres.

> Cependant leur utilisation dans les bioessais sur les larves demande à être étudiée plus longuement. Au total, pour le moment, les expériences ne semblent pas très concluantes.

Garance DI PASQUALE, ACTA, Avignon : Influence de l’alimentation pollinique sur la santé de l’abeille domestique et sur sa résistance à un stress biotique (Nosema ceranae) .

> Le pollen est essentiel, source de protéines, de lipides, d’acides aminés. Sa composition et sa disponibilité sont très variables dans le temps et dans l’espace. Ce qui peut provoquer des stress nutritif,, au détriment de la population de la ruche. A l’inverse, certains pollens peuvent développer les glandes lypopharyngiennes (qui produisent la gelée royale) et les résistances antibactériennes.

> Jouent à la fois la qualité des pollens (ex: la ronce est riche en lipides et antibactériens); leur diversité; et leur quantité disponible. La nature de l’alimentation pollinique influe sur la résistance des individus aux stresseurs et bioagresseurs.

> Il faudrait pouvoir mesurer l’impact différentiel du pollen en pelotes, et du pain d’abeilles (les pelotes retravaillées par les enzymes de l’abeille avant stockage. On ne sait pas le faire.

Angélique VÉTILLARD, Université Paul Sabatier, Toulouse-Albi : Etude des molécules effectrices de l’immunité anti-Varroa chez l’abeille et élaboration d’un complément alimentaire immunoprotecteur.

> L’effondrement des colonies repose sur une combinaison multifactorielle: pesticides, évolution du milieu, prolifération des parasites, au premier rang desquels Varroa. Or des souches d’abeilles résistantes à Varroa ont commencé à apparaître dans des ruchers non traités. Il y a à la fois des stratégies de détection et élimination du couvain infesté. Mais aussi présence d’une hémolymphe à forte activité antibactérienne. Il faut donc analyser les mécanismes moléculaires à l’origine de cette résistance, pour les encourager.

> Les travaux ont porté sur l’élevage de Varroa, jusqu’alors toujours inséparable de la larve ou de l’abeille dont il perfore la chitine pour pomper l’hémolymphe. L’équipe a inventé une membrane acceptée par Varroa, qui va permettre de travailler sur l’acarien sans l’abeille. Une première mondiale avec un brevet international !

> Par ailleurs, recherches en parallèle sur les abeilles dites « hygiéniques » ou « tolérantes » qui savent se débarrasser largement de Varroa: travaux sur un rucher du Tarn-et-Garonne où souches résistantes: études moléculaires, comportementales, etc. pour décrypter cette action des abeilles contre le parasite. Il semblerait que chaque colonie utilise des modalités moléculaires propres: il y a développement d’une immunité sociale collective à étudier.

Conclusion des journées : Alain FAUCONNIER, sénateur de l’Aveyron et président du Comité stratégique pour l’apiculture, & Olivier LE GALL, directeur général délégué aux affaires scientifiques de l’INRA.

Remarque complémentaire du rédacteur de ces notes

> Du point de vue du chercheur en sciences sociales, il y a eu pendant ces deux journées le sentiment d’un manque: celui de l’établissement de relations et d’interactions entre les travaux, pistes et constats des chercheurs de sciences dures (très nombreux à travailler, par exemple, sur les effets sublétaux ou létaux des pesticides et autres produits chimiques) et les réflexions qui devraient en découler sur les politiques et le lobbying des acteurs économiques (les producteurs d’agrochimie, de pesticides, d’insecticides, de semences enrobées, etc.) et sur les politiques publiques (réactivité ou non des acteurs publics à des problèmes de santé publique et de santé animale, étant entendu que les problèmes sont évidents, sinon criants). … D’où la nécessité de mettre ensemble les chercheurs en sciences dures, les chercheurs en sciences sociales, les acteurs de l’apiculture et de l’agriculture, et les représentant(e)s des acteurs/actrices des politiques publiques, dans une perspective de confrontation citoyenne des analyses des un(e)s et des autres, et des conséquences qui en sont tirées (ou pas…) en matière de politiques publiques nationales et européennes.