On le sait au moins depuis la fable du grec Esope (VIIe-VIe s. av.JC) , l’ours est friand de miel et de couvain d’abeilles. De nombreuses enluminures et gravures illustrent, au Moyen-Age et à l’Epoque moderne, et la fable d’Esope, et la réalité des attaques de ruches et de ruchers par un animal sauvage, dangereux et prédateur. C’est d’ailleurs pour limiter les ravages de l’ours dans les ruchers, surtout en Europe centrale, que les ruches ont souvent été installées au sommet des arbres, en principe hors de portée de sa gloutonnerie proverbiale. La pratique continue d’ailleurs dans plusieurs régions du monde, par exemple en Turquie orientale, aux confins de la Géorgie -cadre du film « Bal » (Miel) de Semih Kaplanoğlu, sorti en 2010 et qui a obtenu L’Ours d’or (!) à Berlin la même année. Les célèbres frontons peints des ruches slovènes, datant pour la plupart des XVIIIe et XIXe siècles, illustrent le thème de manière récurrente -le plantigrade, souvent anthropomorphisé, y apparaissant cependant parfois plutôt sympathique. Les attaques d’ours contre des ruchers restent un problème dans de nombreuses régions : Balkans (Slovénie, Roumanie..), Scandinavie (Finlande), Russie, Anatolie et Caucase, etc.

L’ours et les abeilles. Enluminure. Manuscrit « Flore de virtu e de costumi » Italie du Nord, vers 1430. British Museum, Harley 3448-f.10v.

Les ours voleur de miel. Enluminure. Manuscrit « Fleur de vertu » de François de Rohan, archevêque de Lyon, 1530. BNF, département des Manuscrits, Français 1877, fol. 21v.

L’ours pilleur de rucher. Gravure de Wenceslaus Hollar (1607-1677). Londres, milieu du XVIIe s.

Les ours voleurs de ruches dans les arbres. Gravure. Tiré de l’Oeconomische encyclopädie… de F.Krünitz et alii, Berlin, 1774

L’ours voleur de ruche. Peinture (détail) sur un fronton de ruche slovène, Slovénie, fin XIXe s.

Gravure des « Fables d’Esope mise en françois », Rouen, 1765

Il est peu de monnaies, médailles ou jetons sur lesquels on relève la représentation de l’ours se régalant de miel, tout en étant attaqué par les abeilles furieuses. Voir cependant ici un jeton bruxellois du XVIIe siècle.

SOURCES :
1/ British Museum, Manuscrit Harley 3444 : http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=7810&CollID=8&NStart=3448
2/ BNF, Ms Français 1877, présenté à l’exposition itinérante « Le Bestiaire dans l’enluminure médiévale » 2004-2006:http://expositions.bnf.fr/bestiaire/
3/ BNF, Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b2200180q
4/ KRÜNITZ Johann Georg, FLÖRKE H.G., KORTH J.W.D., HOFFMANN C.O., KOSSARSKI L., FLÖRKEN F.J., Oeconomische encyclopädie, oder Allgemeines System der Land, Haus, und Staats-wirthschaft, in alphabetischer Ordnung; aus dem Französischen übersetzt, und mit Anmerkungen und Zusätzen vermehrt, auch nöthigen Kupfern versehen,Berlin, Pauli,1774.
5/ W.Hollar : University_of_Toronto_Wenceslas_Hollar_Digital_Collection
Un avis sur « « L’Ours voleur de miel ». Une fable d’Esope illustrée par de nombreuses enluminures & gravures, du XIVe au XIXe siècle. »
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