Ellen S.Tupper (1822-1888), apicultrice américaine, éditorialiste, suffragiste tempérante, mère de 11 enfants, entrepreneure, éleveuse de reines italiennes.


La vie d’Ellen Smith Tupper n’a pas été banale. Militante tempérante et suffragiste, elle a menée de front une multitude d’activités, dont plusieurs ont été pionnières à son époque – première rédactrice en chef d’un magazine d’apiculture, première enseignante d’apiculture et membre d’une société nationale d’entomologie. Même si la fin de sa vie a été ternie par des problèmes judiciaires liés à ses déboires financiers dans l’élevage de reines d’abeilles italiennes, elle est entrée dans la galerie des « femmes américaines pionnières »


De la Nouvelle-Angleterre aux plaines de l’Iowa. Ou : quand les dames des ligues de tempérance du Midwest attaquent le saloon de Billie…

Ellen Sweetser Smith est originaire de Nouvelle-Angleterre : elle est née à Providence, Rhode Island, en 1822. Elle passe son enfance à Calais, dans le Maine. Elle y a appris le français et l’allemand. Sa famille compte plusieurs hommes politiques du parti whig (ultérieurement parti républicain). En 1843, elle épouse Allen Tupper (18717-1879), bûcheron prospère, aspirant à un ministère baptiste, et alors co-animateur d’un groupe de jeunes pour la tempérance que fréquentait Ellen Smith.

Participant aux grandes migrations vers l’Ouest américain, ils partent dans l’Iowa en 1851, et s’installent dans une vaste ferme à Brighton, à l’ouest de Des Moines, une ville champignon de la Frontière au-delà du Mississippi, dans le Midwest. Ils ont onze enfants, qu’elle éduque à la maison, en leur ajoutant ensuite quelques élèves payants des environs. Son mari gère la ferme, s’occupe de bûcheronnage et installe des scieries. La famille est confrontée à des conditions de la vie souvent difficiles, entre fièvres, épidémie de choléra (en 1854), sécheresses et inondations. Trois de leurs enfants meurent en bas-âge dont deux du choléra.

En 1853, un épisode de la vie de Brighton a été archétypique des activités des ligues américaines de tempérance : une trentaine de citoyennes ayant tenu un conseil de guerre dans l’église presbytérienne locale sont parties à l’assaut du saloon de Billie Lewis où l’alcool coulait sans restriction – d’où maris rentrant ivres à la maison, et violences familiales… Dans le saloon envahi, les tonneaux de whisky sont mis en perce par les manifestantes. Le tenancier leur intente un procès, qui se tient en place publique avec partisans des deux camps – des clients du saloon et les accusées et femmes pour la tempérance… Le juge donne finalement raison aux manifestantes et ordonne leur libération, suivie d’un banquet improvisé, auquel elles invitent même le tenancier du saloon – qui quittera peu après la ville de Brighton… Les familles d’Ellen Smith et d’Allen Tupper étaient engagée de longue date dans les combats anti-alcooliques et pour la tempérance : le propre père d’Ellen avait largement contribué à faire passer la « Maine Liquor Law » de 1851 prohibant l’alcool dans l’État 1. Mais les actions des ligues de tempérance se heurtent aux moeurs de l’époque, et aux traditions de certaines communautés de pionniers immigrants – les Allemands sont ainsi particulièrement nombreux dans l’Ohio. Ellen Tupper est désormais engagée dans des combats intersectionnels : dans les Etats-Unis de l’époque, en particulier dans les Etats du nord-est, sont étroitement associés ligues de tempérance, ligues abolitionnistes (de l’esclavage 2) et mouvements féministes suffragistes 3. Et se retrouve engagée dans la campagne locale pour le candidat à la présidentielle Abraham Lincoln.

Comme une bonne partie des Etats pionniers du Midwest et de l’Ouest, l’Iowa est une terre de communautés religieuses multiples, de sectes, de christianisme social, et de combats pour la tempérance, voire pour la prohibition totale de l’alcool. Au moins deux des filles d’Ellen deviendront pasteures évangéliques dans le Minnesota et les Dakotas. Par tradition familiale, par son mariage, et par ses engagements, Ellen S. Tupper baigne dans ces mouvements associant tempérance, abolitionnisme et féminisme suffragiste, particulièrement actifs dans les Etats du Midwest de la fédération.


Portrait d’Ellen S.Tupper dans le Bee-Keepers’ Journal and National Agriculturist, 1870


Apicultrice et éditorialiste apicole


En-tête du National Bee Journal de février 1874, dont Ellen S.Tupper est propriétaire et rédactrice en chef, avant sa fusion avec l’American Bee Journal.


Son mari étant confronté à des problèmes de santé, la ferme familiale connaît des temps difficiles – alors que la guerre civile va éclater juste après l’arrivée d’Abraham Lincoln à la Maison Blanche. C’est à cette époque qu’Ellen Tupper commence à élever des abeilles à Brighton , et entame une véritable carrière d’apicultrice, d’abord en vendant sa production de miel – du fait de la guerre et des pénuries, le prix du sucre a fortement augmenté, et le miel fournit une alternative. Elle dit avoir découvert l’apiculture en lisant et relisant un petit manuel, et en débutant avec quatre colonies. En 1863, elle élève 56 colonies d’abeilles noires européennes (mellifera mellifera), et deux colonies d’abeilles italiennes (ligustica), introduites depuis peu en Amérique du nord. Elle en a une centaine quelques années plus tard. Non sans difficultés parfois – tempêtes et incendies destructeurs.

Au début même de la guerre de Sécession,  et alors qu’elle est engagée depuis très peu dans l’activité apicole, elle commence à écrire en 1861 de brefs articles sur ses premières expériences dans l’apiculture, publiés dans un journal local. Et dès ses premiers articles, elle répète à ses lectrices que les femmes peuvent parfaitement s’adonner à l’élevage des abeilles 4. Ses articles retiennent l’attention de la Société d’agriculture de l’Iowa, à Des Moines, qui lui demande de contribuer aux rapports annuels de la Société : elle s’occupera dans la décennie des chapitres consacrés à l’apiculture, (Annual Report Iowa State Agricultural Society); et de 1866 à 1868 de la partie apicole du bilan annuel du commissaire fédéral à l’Agriculture (Report of the Commissioner of Agriculture for the year …5).

Ellen Tupper est désormais engagée dans une importante activité éditoriale6. Gagnant en notoriété régionale puis nationale (elle est parfois surnommée « la reine des abeilles de l’Iowa », ou « la femme-abeille », elle multiplie courriers7, chroniques et articles dans la presse généraliste (en particulier le Prairie Farmer)8 puis, de plus en plus, dans la presse apicole régionale et nationale9. En 1869, elle devient l’une des rédactrices du Bee-Keepers’ Journal (ensuite The Bee-Keepers’ Journal and National Agriculturist). En 1873, elle rachète le National Bee Journal, et en devient rédactrice en chef à Des Moines. Le journal fusionne rapidement avec l’American Bee Journal (ABJ), mensuel créé en 1861 par Samuel Wagner, et dont l’éditeur, la Charles Dadant Co. est à la fois à Chicago (Illinois) et à Cedar Rapids (Iowa). De 1873 à 1875, Ellen S.Tupper est donc co-rédactrice  en chef et éditorialiste de l’ABJ. Elle est la première femme à occuper de telles responsabilités éditoriales dans le monde apicole. Elle y souligne les avantages des ruches à cadres mobiles, et les qualités des abeilles italiennes – deux innovations dans les Etats-Unis de l’époque. Elle a aussi traité des théories de l’apiculteur lusacien Jan Dzierzon 10. Au total, plus de 200 articles signés d’Ellen Tupper sur les abeilles ont pu être recensés en deux décennies, sans compter les articles anonymes ou sous pseudonymes.


L’Italian Bee Company : Ellen S. Tupper, entrepreneure en élevage de reines italiennes

Publicité pour l’entreprise « Italian Bee Co », vers 1873. Source: https://www.wisconsinhistory.org/Records/Image/IM103594


A partir de 1867, elle se lance dans la vente par correspondance de reines italiennes, mais aussi d’essaims d’italiennes sur cadres. La question n’est pas résolue de l’origine initiale de ces reines : importations d’Italie, comme elle l’affirme dans ses publicités, ou production locale, comme le soupçonnent certains apiculteurs méfiants ? Il s’ensuit une polémique récurrente sur les possibilités d’élever des « reines pures », et de mener des opérations de sélection de lignées, à une époque où les connaissances en matière de génétique mendélienne, et de fécondation artificielle des reines, sont encore embryonnaires. A l’instar de ce qui se passe en Europe à la même époque entre tenants des critères morphologiques, et tenants des thèses de Gregor Mendel (alors à peine connues), certains des articles d’Ellen Tupper sur la fécondation artificielle des reines d’abeilles suscitent débats et controverses chez les entomologistes et les apiculteurs américains, avec même des échos en Europe centrale. Car Ellen S. Tupper connaît bien ce qui s’écrit alors dans le monde germanique, car elle traduit des articles de l’allemand pour les journaux apicoles américains auxquels elle contribue. Elle correspond d’ailleurs alors directement avec des apiculteurs allemands connus comme le baron August von Berlepsch (1815-1877) , promoteur des théories de Dzierzon, traduit dès 1861 dans les premières livraisons de l’American Bee Journal, puis retraduit par Samuel Wagner en 1877 dans l’ABJ11.

En 1871, Ellen Tupper fonde à Des Moines l’Italian Bee Company, associée à Annie Nowlin Savery12 , qui lui prête le terrain pour installer son rucher, et participe financièrement au lancement de l’entreprise . La militante féministe et très fortunée Annie N.Savery a découvert l’apiculture en 1870 au contact d’Ellen Tupper, et établit alors son propre rucher. L’année suivante, son apport à l‘Italian Bee Company est des plus conséquents : 10000 dollars.

Comme son intitulé l’indique, la raison sociale principale de l’entreprise est l’importation d’abeilles italiennes ligustica, et leur vente par correspondance dans le Midwest américain, et au-delà13. On sait que l’importation transatlantique des abeilles italiennes a été, à l’époque, une véritable épopée logistique, se traduisant par des pertes très importantes pendant le voyage. Tupper et Savery vont donc financer en 1872 un voyage de Charles Dadant (1817-190214) en Italie, pour essayer d’améliorer les choses avec les producteurs italiens de reines. Par ailleurs, la compagnie fait commerce de miel, de ruches et autres matériels apicoles. Elle profite pour cela du nœud ferroviaire que devient à l’époque Des Moines, ville champignon du Midwest américain. Il y a clairement un partage des tâches entre les associées. Annie N.Savery apporte le capital, Ellen S.Tupper s’occupe du fonctionnement et de la logistique, de l’expédition des abeilles, mais aussi de la vente du miel, des extracteurs, et de la correspondance avec les fournisseurs et les clients. Les deux associées vont cependant participer ensemble à des conférences sur l’apiculture, et rédiger des textes semi-publicitaires sur les abeilles italiennes 15.

En 1870, Ellen Tupper est élue membre honoraire de la North American Bee-Association (NABA), en même temps que Jan Dzierżon et Samuel Wagner. A la convention d’apiculture de Cleveland en 1871, la North American Bee Association et l’American Bee Keepers’ Association (ABKA) fusionnent pour donner naissance à la North American Bee Keepers’ Society (NABKS), qui enregistre alors 239 adhérents dont 32 femmes -pour l’essentiel des féministes notoires. Une proportion évidemment inhabituelle, apparemment due à l’activisme préparatoire d’Ellen Tupper et d’Annie Savery dans leurs réseaux. Celle-ci prononce une adresse aux congressistes pour leur demander d’encourager leurs épouses et leurs filles à s’engager en apiculture. Déjà secrétaire et trésorière de l’Iowa Bee-Keeper’s Association, Ellen S. Tupper, quant à elle, est élue vice-présidente de la NABKS au titre de représentante de l’État d’Iowa, et experte dans la gestion des ruches : une première. D’autres apicultrices seront élues vice-présidentes ultérieurement, telle Mrs A.C.Hatch pour le Maine, ou Fannie L.Norris (1848-1937) pour l’Alabama. C’est dans ce contexte qu’Ellen Tupper est invitée comme conférencière régulière sur l’apiculture au State Agricultural College de l’Etat d’Iowa, à Des Moines. On sait qu’elle y insistera sur l’accessibilité des femmes à l’apiculture, à l’instar des nombreux articles qu’elle rédige en ce sens16. Ce qu’elle relie évidemment à ses engagements suffragistes au sein de l’Association for the Advancement of Woman (AAW), dont elle devient une des vice-présidentes, et de l’American Women Suffrage Association (AWSA) – des mouvements traversés par de virulentes querelles idéologiques et personnelles, mais toujours liés aux associations de tempérance. Elle y milite pour une juste place des femmes dans l’éducation agricole, dans l’agriculture, et dans le domaine des sciences.


1875 : Une faillite, des faux en écritures, un procès, un acquittement contesté

Alors qu’elle est accaparée par ces multiples engagements, l’activité économique d’Ellen S.Tupper entre dans une zone de turbulences qui vont la mener à la faillite. Car son entreprise a vite cumulé les problèmes. La guerre civile terminée, le prix du miel diminue fortement avec le retour du sucre sur le marché américain. Les projets d’importation de reines italiennes d’Europe sont obérés par les fortes mortalités pendant le trajet maritime, rallongé par le transport ferroviaire.

Les expéditions de reines d’abeilles à ses clients américains provoquent moultes déboires. Les compagnies de transport postal et les compagnies ferroviaires ne prennent guère de précautions pour le transport des reines, dont beaucoup meurent en route, trop souvent délaissées pendant les transbordements. Ellen S.Tupper est également victime de mauvais payeurs. Ou, plus exactement, de clients qui affirment soit n’avoir pas reçu leurs commandes, soit avoir reçu des reines mortes, attestations des transporteurs et postiers à l’appui. Or l’entreprise s’engageait à remplacer celles-ci. La multiplication des réclamations a amené E.Tupper à constater qu’une partie non négligeable des réclamations s’appuyait sur de fausses attestations postales. En réalité, les reines étaient bien arrivées vivantes, mais des clients indélicats obtenaient leur remplacement gratuitement. D’autres éleveurs de reines expédiées par la poste ont eu les mêmes déboires qu’Ellen Tupper avec des clients indélicats et un service postal défaillant.

Au moment où elle se sépare (à l’amiable) de sa financière Annie N.Savery (en lui rachetant ses parts), Ellen Tupper perd deux cents ruches dans l’incendie, en mars 1873, de sa maison et du terrain attenant . Outre l’énorme perte économique que cela représente, c’est évidemment un coup dur pour son moral. Les rumeurs sur la mauvaise gestion de l’Italian Bee Co. vont dès lors se multiplier, sous-entendant que des clients ayant commandé des colonies italiennes se sont souvent vu livrer des ruches vides.

Ellen S.Tupper avait été désignée pour coordonner l’exposition d’apiculture à l’Exposition du centenaire de Philadelphie, prévue en 1876. Mais son entreprise fait faillite à la fin 1875 et, en janvier 1876, elle est arrêtée pour faux en écritures, et créances et factures impayées. Plus exactement, pour abonder sa trésorerie, elle est accusée d’avoir multiplié les factures, les créances et les chèques portant la signature de plusieurs de ses parents et amis, et de personnalités de l’Iowa, y compris le gouverneur de l’Etat. Et même, d’avoir présenté une promesse de prêt bancaire signée « Jésus Christ ».  Compte tenu de son état mental apparent, elle est ensuite placée en résidence surveillée, libérée sous caution dans l’attente du procès. Mais elle s’enfuit au Dakota, où elle est à nouveau arrêtée et renvoyée dans l’Iowa.

Alors que les rumeurs sur son compte circulaient depuis deux ans, son cas divise le monde apicole. Certains, y compris son co-rédacteur en chef de l’American Bee Journal, Thomas Newman (dont la signature a été utilisée par Ellen Tupper), l’accablent de tous les maux. D’autres la défendent, et soulignent sa lourde et multiple charge de travail entre ses enfants, ses ruches, son entreprise, ses travaux de plume. C’est le cas du très chrétien Amos Ives Root (1839-192317) , l’éditeur de Bee Culture à Medina (Ohio) (et donc concurrent de l’American Bee Journal), qui tient pourtant d’ordinaire une féroce rubrique « Humbugs and swindlers » (« Charlatans et escrocs »). Quand aux antiféministes, ils exhibent le cas Tupper pour discréditer les suffragistes.

Pendant le procès au printemps 1877, sa défense plaide les troubles mentaux, attestés par des membres de sa famille. Au final, avec « un doute raisonnable » et un jury divisé, Ellen S.Tupper est déclarée « non coupable, l’accusée étant aliénée et non responsable de ses actes ». Le verdict provoque un tollé, la démence de l’accusée étant contestée par de nombreuses victimes de ses escroqueries, qui ne seront pas remboursées 18. Elle est libérée, et retourne d’installer au Dakota , dans la ferme d’une de ses filles. Dans la décennie qui suit, à l’exception de quelques articles d’initiation à l’apiculture et d’encouragement aux femmes à s’occuper d’abeilles, les activités apicoles d’Ellen Tupper s’arrêtent apparemment là, en particulier ses responsabilités éditoriales et ses enseignements. Veuve depuis 1879, Ellen Smith Tupper meurt d’une crise cardiaque en 1888, à El Paso, Texas, alors qu’elle séjournait chez une de ses filles. Elle avait 65 ans. Sa tombe est à Sioux Falls, Dakota du Sud. 


Une postérité entretenue par les suffragistes américaines

Ellen S.Tupper a été une personnalité connue du monde apicole pendant deux décennies, pour ses écrits et pour son entreprise de reines italiennes – y compris avec quelques échos en Europe. Sa faillite et son procès ont certes mis un terme à sa carrière dans l’apiculture. Son nom réapparaît discrètement dans le monde apicole et entomologique à l’occasion de son décès, en 1888. Mais surtout dans les articles et ouvrages qui, les décennies suivantes, traiteront de la place des femmes dans les progrès de la science et dans l’entrepreneuriat. Elle a ainsi sa place en 1893 parmi les 1470 biographies d’Américaines notables compilées par Frances Elizabeth Willard et Mary Ashton Rice Livermore – un ouvrage qui reste de référence pour les spécialistes contemporains de l’histoire des femmes, du genre et du féminisme américain 19. Les auteures sont indulgentes avec les déboires d’Ellen Tupper, confrontée à de multiples difficultés et à une énorme charge de travail genrée, « mère, éleveuse d’abeilles, cheffe d’entreprise, éditorialiste », etc. Ses quatre filles et ses nièces s’inscriront dans la continuité d’Ellen, autour des droits des femmes en religion, dans l’éducation, le travail, et la politique.

Après des biographies partielles dans les dernières décennies 20, on dispose depuis 2019 d’une ample biographie que l’on peut considérer comme exhaustive, sous la plume de Michael Mielewczik , Kelly Jowett et Janine Moll 21. Nous en retiendrons ici principalement une association a priori improbable :tempérance, féminisme et apiculture.


Portrait d’Ellen S.Tupper vers 1870 dans Willard et Livermore [1893], op.cit.


NOTES

1 La Société américaine de tempérance (American Temperance Society, ATS) s’est formée en 1826, largement liée aux groupes confessionnels protestants et évangéliques. Quelques années plus tard, elle revendiquait plus de 8 000 groupes locaux, plus d’un million et demi d’adhérents et des dizaines de journaux de tempérance. La « loi du Maine / Maine Liquor Law », adoptée en 1851, fut l’une des premières concrétisations institutionnelles du développement des mouvements de tempérance aux États-Unis. L’adoption de cette loi, qui prohibe la vente de toute boisson alcoolisée « sauf pour usage médical, mécanique ou manufacturier », a fait école. En 1855, 12 États avaient rejoint le Maine dans la prohibition totale. Les Etats américains sont dès lors divisés entre les « États secs / Dry States » , et les « États humides / Wet States », sans prohibition.

La Woman’s Christian Temperance Union (WCTU, 1874) est née d’une croisade de plusieurs dizaines de milliers de femmes contre les saloons et les magasins d’alcool qui a commencé dans l’Ohio, et s’est répandue dans tout le Midwest en 1873 et 1874 : les manifestantes faisaient irruption dans les saloons et les magasins d’alcool pour perturber ou empêcher la vente de boissons alcoolisées. La scène de la destruction du saloon par les manifestantes armées de leurs ombrelles et parapluies est un classique de la littérature sur l’Ouest américain (jusqu’à Lucky Luke…). Un petit film de 1901 l’illustre, situant l’épisode au Kansas: Kansas Saloon Smashers d’Edwin S. Porter (1901): https://www.youtube.com/watch?v=S5iYtpNSG2c

2 L’un des abolitionnistes les plus célèbres de l’époque est le pasteur Henry Ward Beecher (1813-1887) qui contribue en 1854 à la « croisade du Kansas » en organisant des souscriptions pour armer les abolitionnistes. Ses envois de « caisses de bibles » – contenant en réalité des fusils et des carabines, sont restés célèbres sous le nom de « bibles de Beecher / Beecher’s Bibles»…

3 On rappellera l’activisme de l’Association for the Advancement of Woman (AAW) et de l’American Women Suffrage Association (AWSA). Victoria Woodhull (1838-1927), femmes d’affaires, conférencière, médium et spirite, passionnée sur le tard par les voitures de course, est, en 1872, la première femme candidate à la présidence des États-Unis d’Amérique. Elle mène alors une intense campagne de lobbying au Congrès pour le droit de vote des femmes, sur la base des quatorzième et quinzième amendements de la Constitution. Outre les réticences sociétales générales que l’on imagine, ses plaidoyers « pour l’amour libre » lui ont aliéné le soutien d’une partie du mouvement suffragiste, en particulier dans l’Iowa où les militantes féministes étaient largement des protestantes tempérantes plutôt rigoristes. Le mouvement pour les droits des femmes s’est donc divisé autour du cas Woodhull, dont la trajectoire de vie ne manque pas de rebondissements et parfois de piquant…

4 Plusieurs apicultrices américaines des décennies suivantes disent avoir été inspirées par les encouragements d’Ellen S. Tupper aux femmes pour qu’elles s’engagent dans l’apiculture, telle Lucinda Harrison (1831-1904) .

5 Selon MIELEWCZIK et alii [2019], op.cit., le Report of the Commissioner of Agriculture for the year 1865 aurait été diffusé à 180 000 exemplaires.

6 MIELEWCZIK et alii [2019], op.cit., rapportent que, en 1865, quand la Davenport Gazette reproduit une de ses chroniques en la signant « Mr.Tupper », Ellen Tupper leur signifie vertement que c’est bien « Mrs. E. S. Tupper » qui a écrit le texte, et qu’elle est donc en droit d’obtenir des excuses du journal…

7 Elle dit souvent répondre à des courriers de lecteurs et lectrices, dont l’authenticité n’est cependant pas toujours évidente. De même, elle tend souvent à confondre travail éditorial et promotion plus ou moins directe des produits de sa propre entreprise apicole.

8 Outre le Prairie Farmer, MIELEWCZIK et alii [2019] ont recensé des textes de Ellen Tupper dans :The Burlington Weekly Hawk-Eye (Burlington, Iowa) ; The Washington Press (Washington, Iowa) ; The Rural Gentleman: A Monthly Journal ; North Western Farmer. A Magazine of Rural Life ; The Hillsdale Standard (Hillsdale, Michigan) ; The Daily Ohio Statesman (Columbus, Ohio) ; The Vermont Journal (Windsor, Vermont) ; The Tennessee Baptist (Memphis, Tennessee) ; Hearth and Home ; etc.

9 Outre l’American Bee Journal, MIELEWCZIK et alii [2019] ont recensé des textes de Ellen Tupper dans : National Bee Journal and Youth’s Companion ; The Annals of Bee-culture, The Bee-Keepers‘ Journal and Agricultural Repository ; The Illustrated Bee Journal ; The Bee-Keeper’s Magazine ; British Bee Journal, and Bee-Keeper’s Adviser ; The Bee and Poultry Magazine ; etc.

10 Le prêtre catholique polonais Jan Dzierżon (Johann Dzierzon, 1811-1906), fondateur de plusieurs associations et sociétés d’apiculture en Silésie, est considéré comme l’un des pères de l’apiculture moderne par ses travaux scientifiques sur la parthénogenèse (la reproduction asexuée des abeilles) et la gelée royale; et par ses innovations, dont une ruche à cadres mobiles. Publiant en polonais et en allemand, il est (re)connu dans l’ensemble du monde apicole occidental dans le dernier tiers du XIXe siècle, depuis son ouvrage de 1847, maintes fois révisé et traduit : « Theorie und Praxis des schlesischen Bienenfreundes Pfarrer Dzierzon in Carlsmarkt » .

11 Cf. Von BERLEPSCH baron August [1861/1877/1882], The Dzierzon Theory; Being a Full Elucidation of Scientific Bee-keeping, en feuilleton dans la première année de l’American Bee Journal,Chicago, 1861; retraduit en 1877 par Samuel WAGNER ; The Dzierzon theory; or The fundamental principles of Dzierzon’s system of bee-culture, as set forth by the Baron of Berlepsch, The American Bee Journal, Chicago, 1877 .

12 Anna (Annie) Nowlin Savery (1831-1891) est propriétaire avec son mari James C.Savery (1824–1905) du seul hôtel de luxe de Des Moines, où se retrouvent tou(te)s les acteurs et actrices politiques de passage dans l’Iowa. Le couple a fait fortune dans l’organisation de l’immigration dans l’État et la vente de terres aux nouveaux arrivants. Annie N.Savery est également une militante suffragiste connue, en relations avec les principales figures du féminisme américain de l’époque. Elle est vice-présidente de la National Woman Suffrage Association créée en 1869. Au milieu des années 1870, après des études de droit tardives, elle devient la deuxième avocate inscrite au barreau de l’Iowa.

13 TUPPER Ellen S., SAVERY Annie N. [1872], The Iowa Italian Bee Company, The National Bee Journal, 1872, vol.3, no 2, p.64.

14 Charles Dadant (né en Haute-Marne en 1817-décédé à Hamilton, Illinois, en 1902) est connu pour la ruche qui porte son nom, un des modèles les plus répandus au monde. Déçu par le catholicisme familial, convaincu par les idées de Charles Fourier, il émigre en Amérique en 1863 et s’installe à Hamilton, Illinois. L’échec de ses projets viticoles l’amène à se tourner vers l’apiculture, et il devient vendeur ambulant de miel et de cire le long du Mississipi. Il se passionne pour les abeilles italiennes et leur importation dans les années 1870. Après avoir créé un modèle de ruche destiné à une carrière internationale, il fonde à Hamilton une entreprise de matériel apicole qu’il entend faire fonctionner selon les principes du socialisme (et qui existe toujours). Il rédige de nombreux articles dans des revues américaines et européennes, puis rachète l’American Bee Journal. Proche du révérend Lorenzo Lorraine Langstroth, qui a mis au point les cadres mobiles, il traduit en français son ouvrage The Hive and the Honey-Bee (1ère édition en 1853 – une vingtaine de rééditions au moins), sous le titre L’abeille et la ruche. Le « Dadant-Langstroth » deviendra vite un classique de la littérature apicole occidentale, traduit dans de nombreuses langues.

15 TUPPER Ellen S., SAVERYAnnie N. [s.d.], Bees: Their management and culture, by Mrs. Tupper and Savery, Des Moines, Iowa. Published. by the Italian Bee Company, 26p.

16 Elle promeut aussi activement l’initiation, et la participation des enfants, filles et garçons, à l’apiculture.

17 Amos Ives Root (1839-1923) a d’abord mené une carrière d’entrepreneur en bijouterie, avant de se convertir par hasard à l’apiculture en 1865. En 1869, il fonde la A.I.Root Co., concurrente directe de la Charles Dadant Co. La firme Root, installée à Medina, Ohio, est devenue la principale entreprise américaine de commercialisation de miel, distribuant aussi par correspondance tous les matériels apicoles, dont les extracteurs métalliques et les enfumoirs (mais aussi des machines agricoles diverses). A.I.Root a fondé en 1873 les Gleanings in Bee Culture, magazine concurrent de l’American Bee Journal. Il publie en 1879 le manuel « The ABC and XYZ of Bee Culture » promis à un destin mondial. Maintes fois réédité et révisé, il a été traduit dans de très nombreuses langues, et distribué dans le monde entier. Si Charles Dadant avait créé une entreprise « socialiste » inspirée de Fourier, l’entreprise de Root, dont le porche est frappé de la devise « In God we trust » , est fondée sur de sévères principes religieux – sermons rédigés et prononcés par le patron, prières collectives avec cantiques, assistance obligatoire au culte, interdiction de fréquenter les bars, etc. Root a activement soutenu le mouvement de tempérance américain. L’entreprise Root existe toujours, dirigée depuis sa fondation par une dynastie familiale intergénérationnelle. A partir de son traitement des cires d’abeilles, elle s’est désormais spécialisée dans la production de cierges liturgiques.

18 Voir la description détaillée du procès dans MIELEWCZIK et alii [2019], op.cit.,

19 WILLARD Frances Elizabeth (1839-1898), LIVERMORE Mary Ashton Rice (1820-1905) et alii [1893], A woman of the century. Fourteen hundred-seventy biographical sketches accompanied by portraits of leading American women in all walks of life, Buffalo, N.Y., Moulton, 1893, 820p.En ligne: A woman of the century-Leading American women

20 REED Elizabeth Wagner [1992], Ellen Smith Tupper 1822-1888, p.176-180 in: REED Elizabeth Wagner [1992], American Women in Science before the Civil War, University of Minnesota, Minneapolis, 1992, 214p.En ligne : http://catherinecreed.com/science/ ; HORN Tammy [2011], Inventresses – Ellen Tupper, Editor, Beekeeper, Queen Producer, in: HORN Tammy [2011], Beeconomy: What Women and Bees Can Teach Us about Local Trade and the Global Market, The University Press of Kentucky, Lexington ; Company, Chicago, , 2011, 392p., p.169-175.

21 MIELEWCZIK Michael, JOWETT Kelly, MOLL Janine [2019], Bienenstöcke, Feuerwasser und Suffragetten: Der „traurige“ Fall von Ellen S. Tupper (1822–1888), „Bienenfrau“ und „Bienenkönigin aus Iowa“, Entomologie heute 2019, no 31, p.113-227. Project: History of Science, March 2020, En ligne:(PDF) Bienenstöcke, Feuerwasser und Suffragetten: Der „traurige“ Fall von Ellen S. Tupper (1822–1888), „Bienenfrau“ und „Bienenkönigin aus Iowa“ (researchgate.net) ; MIELEWCZIK Michael, JOWETT Kelly, MOLL Janine[2020], Beehives, Booze and Suffragettes: The “Sad Case” of Ellen S. Tupper (1822–1888), the “Bee Woman” and “Iowa Queen Bee”, Project: History of Science, March 2020. En ligne: (PDF) Beehives, Booze and Suffragettes: The “Sad Case” of Ellen S. Tupper (1822–1888), the “Bee Woman” and “Iowa Queen Bee” (researchgate.net)


BIBLIOGRAPHIE 1/ Ecrits d’Ellen S. TUPPER (sélection)

En-tête de l’American Bee Journal dans les années 1880, avec les portraits du révérend Lorenzo Lorraine Langstroth et de Charles Dadant.

TUPPER Ellen S. (1822-1888) [1863], Essay on bees, First premium, Des Moines, 1863, Annual Report Iowa State Agricultural Society, n° 9, p.212-234..

TUPPER Ellen S. [1865], Bee keeping, Des Moines, Annual Report Iowa State Agricultural Society, 1865, n° 10, p.143-158.

TUPPER Ellen S. [1865], Italian versus Common Bees, The Prairie Farmer, 1865, vol.15, no 13, p. 232.

TUPPER Ellen S . [1865], The Italian bee, Des Moines, Annual Report Iowa State Agricultural Society, 1865, n° 11, p.322-329.

TUPPER Ellen S. [1866], Bee-keeping, in: Report of the Commissioner of Agriculture for the year 1865, Washington DC, Government Printing Office, 1866, 612p., p.458-475 .

TUPPER Ellen S. [1867], Why I became a bee-keeper, suite de chroniques dans The Prairie Farmer , 1867

TUPPER Ellen S. [1868], Winter bee-Keeping, Washington, Report of the Commissioner of Agriculture for the year 1867, p.209-211, Washington, D.C., Government Printing Office, 1868.

TUPPER Ellen S. [1870], Women as beekeepers, The Annals of Bee Culture for 1870, p.26–27.

TUPPER Ellen S. [1861-1867], des dizaines de chroniques et articles dans : The Prairie Farmer, 1865-1867 ; dont : « The Apiary, Chapters on the honey bee » ; « Answers to correspondents »; Egalement dans : The Burlington Weekly Hawk-Eye (Burlington, Iowa) ; The Washington Press (Washington, Iowa) ; The Rural Gentleman: A Monthly Journal ; North Western Farmer. A Magazine of Rural Life ; The Hillsdale Standard (Hillsdale, Michigan) ; The Daily Ohio Statesman (Columbus, Ohio) ; The Vermont Journal (Windsor, Vermont) ; The Tennessee Baptist (Memphis, Tennessee) ; Hearth and Home ; etc.

TUPPER Ellen S. [1867-1876], multiples chroniques et articles dans:The American Bee Journal [1871. 6 (8), Feb. 1871; 6 (9), Mar. 1871; 7 (7), Jan. 1872; 8 (7), Jan. 1873; 10 (1), Jan. 1874; 10 (12), Dec. 1874] ; et 23 articles dans : The American Bee Journal, vols. 2 – 12, 1867-1876. Egalement dans : [1869-1876],The Annals of Bee-culture, The Bee-Keepers‘ Journal and Agricultural Repository ; The Illustrated Bee Journal ; The Bee-Keeper’s Magazine ; British Bee Journal, and Bee-Keeper’s Adviser ; [1883],The Bee and Poultry Magazine ; etc.

TUPPER Ellen S. [1871/1874/1883], A treatise on bees and their management, included in : HARTSHORNE Henry (éd.) [1871/1874/1883], The household cyclopedia of general information : containing over ten thousand receipts, in all the useful and domestic arts : constituting a complete and practical library, relating to agriculture, angling, bees, bleaching, book-keeping, brewing, cotton culture, crocheting, carving, cholera, cooking … vegetable gardening, weights and measures, wines, etc., etc. : containing the improvements and discoveries up to date of publication : wtih special articles upon the rinderpest and trichinae : report on the trial of agricultural implements at the Great National Field Trial held at Auburn, New York, Philadelphia, T. Ellwood Zell; Pittsfield, Mass., J. Brainard Clarke, 1871, 496p.; 1874; Philadelphia, T.E. Zell, 1883, 496p.

TUPPER Ellen S. [1872], A report for the winter 1871-72, Des Moines, Annual Report Iowa State Agricultural Society, 1872, n°17, p.479-499.

TUPPER Ellen S. , SAVERYAnnie Nowlin (1831-1891) [1872], The Iowa Italian Bee Company, The National Bee Journal , vol.3, no 2, p.64.

TUPPER Ellen S. , SAVERY Annie Nowlin (1831-1891) [s.d.],Bees: Their management and culture, by Mrs. Tupper and Savery, Des Moines, Iowa. Pub. by the Italian Bee Company, 26p.


BIBIOGRAPHIE 2/ Sur Ellen S.TUPPER et les apicultrices américaines (sélection chronologique).


WILLARD Frances Elizabeth (1839-1898), LIVERMORE Mary Ashton Rice (1820-1905) et alii [1893], A woman of the century. Fourteen hundred-seventy biographical sketches accompanied by portraits of leading American women in all walks of life, Buffalo, N.Y., Moulton, 1893, 820p. En ligne: A woman of the century-Leading American women

REED Elizabeth Wagner [1992], Ellen Smith Tupper, apiarist, 1822-1888, p.175-182 in: REED Elizabeth Wagner [1992], American Women in Science before the Civil War, University of Minnesota, Minneapolis, 1992, 214p. En ligne: http://catherinecreed.com/science/

SEGRAVE Kerry [2007], Ellen Tupper, p.78-79 in: SEGRAVE Kerry [2007], Women Swindler’s in America, 1860–1920, McFarland & Company; Jefferson, North Carolina, and London, 2007, 264p.

HORN Tammy [2011], Beeconomy: What Women and Bees Can Teach Us about Local Trade and the Global Market ,The University Press of Kentucky, Lexington ; Company, Chicago, 2011, 392p.

HORN Tammy [2011], Inventresses – Ellen Tupper, Editor, Beekeeper, Queen Producer, in: HORN Tammy [2011], Beeconomy: What Women and Bees Can Teach Us about Local Trade and the Global Market, The University Press of Kentucky, Lexington ; Company, Chicago, , 2011, 392p., p.169-175

MIELEWCZIK Michael, JOWETT Kelly, MOLL Janine [2019/2020], Bienenstöcke, Feuerwasser und Suffragetten: Der „traurige“ Fall von Ellen S. Tupper (1822–1888), „Bienenfrau“ und „Bienenkönigin aus Iowa“, Entomologie heute 2019, no 31, p.113-227. Project: History of Science, March 2020, En ligne :(PDF) Bienenstöcke, Feuerwasser und Suffragetten: Der „traurige“ Fall von Ellen S. Tupper (1822–1888), „Bienenfrau“ und „Bienenkönigin aus Iowa“ (researchgate.net)

MIELEWCZIK Michael, JOWETT Kelly, MOLL Janine [2020], Beehives, Booze and Suffragettes: The “Sad Case” of Ellen S. Tupper (1822–1888), the “Bee Woman” and “Iowa Queen Bee”, Project: History of Science, March 2020. En ligne: (PDF) Beehives, Booze and Suffragettes: The “Sad Case” of Ellen S. Tupper (1822–1888), the “Bee Woman” and “Iowa Queen Bee” (researchgate.net)

SISTACH Xavier [2019], Ellen S. Tupper, in: Pasión por los insectos : ilustradoras, aventureras y entomólogas, Madrid, Colección Noema, Turner Publicaciones SL, 2019, 358p.


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