


L’abeille, sentinelle de l’environnement. De la mondialisation de l’abeille européenne à la crise de la biodiversité
Résumé de la conférence introductive au débat / Emportée par les colons, l’abeille mellifère d’Europe (Apis mellifera mellifera) a conquis le monde entier à partir du XVIe siècle. Conquête de l’Ouest : Amériques, Japon, Chine, Océanie. Conquête de l’Est : Asie centrale, Sibérie, jusqu’à l’Alaska. Au XXe siècle, la sous-espèce la plus élevée dans le monde est l’abeille italienne (Apis mellifera ligustica), dont les plus importants producteurs sont… l’Australie et l’Argentine. Mais depuis les années 1990, les colonies d’abeilles connaissent en Occident des mortalités particulièrement importantes, aux causes multifactorielles : aléas des hivernages ; maladies parasitaires et virales ; appauvrissement génétique par le commerce globalisé des reines; prédateurs exotiques ; appauvrissement des pollens, faute de diversité florale ; extension des monocultures ; utilisation massive de produits phytosanitaires (glyphosate), et de semences enrobées de néonicotinoïdes, etc. Au XXIe siècle, les menaces sur la biodiversité concernent tous les insectes pollinisateurs, et donc au premier chef les abeilles mellifères ou sauvages, véritables sentinelles de l’environnement. Leur sauvegarde passera à la fois par des législations protectrices, par un changement profond des modèles agricoles, et peut-être aussi par la réhabilitation de souches génétiques anciennes adaptées à des situations bioclimatiques diversifiées.
Jean-Paul BURDY, historien, enseignant-chercheur à Sciences Po Grenoble, et apiculteur.
