
> Frontispice de John BARET, « An ALVEARIE or Quadruple Dictionarie, containing foure sundrie tongues: namelie English, Latine, Greeke, and French. Newlie enriched with varietie of Wordes, Phrases, Proverbs, and divers lightsome observations of Grammar … » [Une Ruche, ou Quadruple dictionnaire, renfermant quatre langues, savoir anglais, latin, grec et français. Nouvellement enrichi d’une variété de mots, phrases, proverbes et diverses observations grammaticales], Londini, excudebat Henricus Denhamus [à Londres, imprimé par Henry Denham], 1580
John Baret, lexicographe et ses Triple (1573), puis Quadruple (1580), dictionnaires

On a très peu d’éléments de biographie sur le lexicographe élizabethain John Baret (ou Barrett), sans doute né dans les années 1530 et décédé en 1579. Il a été étudiant à Cambridge, principalement à Trinity College, dans les années 1550, avant d’obtenir un doctorat en médecine en 1577. Il aurait enseigné le latin et d’autres langues à Cambridge et Londres. Il est surtout connu pour son dictionnaire, trilingue dans la première édition en 1573 (anglais, latin, français), puis quadrilingue (le grec en plus) dans l’édition de 1580, posthume et éditée par Alexandre Fleming.
Un travail collectif, comme dans la ruche
Le titre des deux versions, « An Alvearie » « Une Ruche », est justifié par le fait que les données du dictionnaire auraient été largement compilées pendant des années par les élèves de Baret, qui ont ainsi apporté leur contribution individuelle au travail collectif, comme les abeilles le font pour leur ruche. Dans son « Avertissement au lecteur » de 1573, Baret explique cette genèse de l’ouvrage que “j’ai appelé La Ruche par la similitude entre ces étudiants dévoués et des abeilles diligentes qui récoltent leur cire et leur miel pour en faire profiter la ruche”.
Citation:
“About eighteene yeeres agone, having pupils at Cambridge studious of the Latine tongue. I used them often to write Epistles and Theames together, and dailie to translate some peece of English into Latin, for the morer speedie and easie attaining of the same. And after we had begun, perceiving what great trouble it was to come running to me for everie worde they missed (knowing then of no other Dictionarie to helpe us, but Sir Thomas Eliot’s Librarie, which was come out a little before:) I appointed them certaine leaves of the same booke everie daie to write the English before the Latin, & likewise to gather a number of fine phrases out of Cicero, Terence, Caesar, Livie, etc. & to set them under severall titles, for the more readie finding them again at their neede. Thus within a yeere, or two, they had gathered together a great volume, which (for the apt similitude between the good Scholiers and diligent Bees in gathering their waxe and honie into their Hive) I called them their Alvearie. »

« Shakespeare’s Beehive / La ruche de Shakespeare » ?
En 2008, deux antiquaires new-yorkais, George Koppelman et Daniel Wechsler, acquièrent un exemplaire du dictionnaire de Baret aux enchères sur e-Bay (pour $US 4050). L’ouvrage a ses marges et ses pages de garde remplies d’annotations manuscrites, En avril 2014, Koppelman et Wechsler rendent publique leur analyse : les notes seraient de la main même de William Shakespeare (1564-1616), et permettraient de faire notablement progresser la connaissance scientifique du vocabulaire et du style de l’auteur. Ils ouvrent donc un site dédié (http://shakespearesbeehive.com/), et éditent en version papier (de grande qualité formelle) et en version électronique un fac simile de l’exemplaire en leur possession, et la transcription des notes manuscrites attribuées à Shakespeare. Déclenchant, bien évidemment, une polémique entre spécialistes, qui n’est pas près de s’éteindre, d’autant qu’on n’a que très peu d’échantillons de l’écriture de William. 2014 étant le 450e anniversaire de la naissance de Shakespeare, ne s’agit-il pas surtout d’un coup éditorial opportuniste visant à projeter l’ouvrage « annoté par Shakespeare » vers des prix stratosphériques ? Les spécialistes en débattent depuis le printemps 2014 à longueur de blogs…

SOURCES:
BARET John [1580], « An ALVEARIE or Quadruple Dictionarie, containing foure sundrie tongues: namelie English, Latine, Greeke, and French. Newlie enriched with varietie of Wordes, Phrases, Proverbs, and divers lightsome observations of Grammar … » [Une Ruche, ou Quadruple dictionnaire, renfermant quatre langues, savoir anglais, latin, grec et français. Nouvellement enrichi d’une variété de mots, phrases, proverbes et diverses observations grammaticales], Londini, excudebat Henricus Denhamus [à Londres, imprimé par Henry Denham], 1580
KOPPELMAN George, WECHSLER Daniel [2014], Shakespeare’s Beehive. An Annoteted Elizabethan Dictionary Comes to Light, New York, Axletree Books, 2014, 339p. Site dédié : http://shakespearesbeehive.com/

Un avis sur « 1580 : Le « Quadruple dictionnaire » de John Baret est-il vraiment « La Ruche de William Shakespeare » ? »
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