
Le magazine bimestriel CARTO no 48, juillet-août 2018, consacre son dossier Environnement aux abeilles, huit cartes à l’appui (p.58-63). Dans notre article: « De la mondialisation de l’abeille européenne à la crise de la biodiversité », nous rappelons que les lignées européennes d’Apis mellifera mellifera (l’abeille noire) ont accompagné la colonisation et la domination du monde par les Européens depuis le XVe siècle. Puis l’abeille jaune italienne (A.m.ligustica) a pris le relais à partir du milieu du XIXe siècle, pour devenir la race la plus utilisée au monde, des Etats-Unis à l’Argentine, de la Chine à l’Australie. D’autres sous-espèces ont également connu une destinée transnationale depuis la fin du XIXe siècle: l’abeille grise carniole (A.m.carnica) , ou l’abeille grise de montagne du Caucase (A.m.caucasica). La crise globale de la biodiversité concerne tout particulièrement les pollinisateurs, donc les abeilles. Leurs mortalités croissantes sont certes multifactorielles, mais l’agriculture productiviste saturée d’intrants chimiques (insecticides, pesticides, phytosanitaires, semences enrobées, etc.) est bel et bien la cause structurelle principale de la mise en péril contemporaine de la biodiversité. Nous soulignons enfin que, dans un contexte de métissage généralisé, les « races originelles » (et tout particulièrement l’abeille noire) font l’objet depuis quelques décennies de programmes de conservation puis de réintroduction: des réseaux européens (tel celui de la SICAMM) se sont structurés pour retrouver les souches anciennes des écotypes régionaux adaptés à des environnements climatiques, topographiques et botaniques diversifiés, réhabilitant des patrimoines génétiques en voie de disparition, et une biodiversité au plus mal .
NB: cet article est republié début 2020 dans l’Atlas géopolitique mondial 2020, sous la direction d’Alexis Bautzmann, aux Editions du Rocher (2020, 192p., p.152-159)
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2014-CARTO-24-S-PETIT-Disparition des abeillesTélécharger
